Retour sur les activités du Groupe d’Initiative des Élus locaux pour l’Environnement (GIdELE) et du groupe Génération Femmes Leaders (GFL)
Au cours du mois de mars 2021, plusieurs rencontres ont réuni les membres du GIdELE et du groupe GFL préoccupé.es par la question environnementale alors même que de nombreux acteurs venant d’horizons divers ont depuis longtemps tiré la sonnette d’alarme. Hatem Mliki, Houssem Hamdi et Afef Marrakchi nous ont livré leurs visions.
Une réflexion collective, en vue d’une action coordonnée, du bas vers le haut, parait être une alternative crédible face au délitement des pouvoirs publics. Mais, cette mobilisation ne saurait s’improviser. Alors, une campagne de plaidoyer préparée et structurée à partir d’un cas concret, l’adoption du nouveau code de l’urbanisme, avec l’accompagnement d’expert.es, Afef Marrakchi et Bassam Karray, permettra de démontrer que les élus locaux et la société civile disposent de moyen pour se faire entendre et qu’il s’agit d’être créatifs pour renouveler un répertoire d’action usé par des méthodes inefficaces.
18 mars 2021
L’environnement au cœur des débats et de l’action
En présence d’Afef Marrakchi (Maître de Conférences à l’université de Sfax), de Houssem Hamdi (militant et président de Tunisie Recyclage) et de Hatem Mliki (député au Parlement tunisien), le GIdELE et le GFL ont débattu, le jeudi 18 mars 2021, de la question environnementale, en lien avec la décentralisation, dans le contexte politique actuel en Tunisie. À partir d’une perspective légale, environnementale, politique et militante, les échanges ont rappelé que l’état de la gestion du dossier environnemental traduit, outre le manque d’une volonté et d’une vision politiques, de sérieux dysfonctionnements institutionnels, organisationnels et de gouvernance auxquels s’ajoutent une multiplicité d’acteurs, l’absence de coordination et la présence d’un lobby aux pratiques douteuses.
Des problèmes qui se répercutent à tous les niveaux de la société, en particulier le local alors que la Tunisie a initié un processus ambitieux de décentralisation avec l’adoption en juin 2018 du Code des Collectivités locales, un texte qui fait apparaitre ses lacunes en matière environnementale.
Si les acteurs de la société civile sont mobilisés, les intervenants et les participants ont souligné l’importance d’assurer la centralité de l’environnement en prenant les décisions et les mesures qui s’imposent notamment pour adapter les textes juridiques et mettre de l’ordre dans une cacophonie généralisée dont les premières victimes sont le peuple et l’écosystème de la Tunisie.
23 et 31 mars 2021
Entre théorie et pratique : le plaidoyer un instrument de mobilisation politique et citoyen
Dans de nombreux cas, la capacité de mobilisation politique ou citoyenne, notamment en matière environnementale, est éphémère et se trouve réduite par un manque d’organisation, de stratégie, de vision commune, de plan d’action concret, par une confusion au niveau des rôles des intervenants et par une coordination défaillante.
Dans cette perspective, le GIdELE & le GFL ont participé à deux sessions de formation interactives sur le plaidoyer en matière environnementale les 23 et 31 mars 2021 dispensées par Bassem Karray, professeur agrégé en droit public à l’université de Sfax, expert-consultant auprès des organismes tunisiens et internationaux. En démontrant que le plaidoyer ne s’improvise pas, B. Karray a transmis une vision professionnelle structurée et structurant l’action des élu.es et/ou de la société civile. En effet, au travers d’une pédagogie alliant théorie et pratique, les participant.es ont été familiarisé.es aux fonctions du plaidoyer, ses objectifs, son impact, les méthodes potentiellement mobilisables, les acteurs concernés, les différentes étapes, la communication, etc. À l’issue de ces échanges, les membres du GIdELE & du groupe GFL avaient une meilleure connaissance des opportunités de mobilisation et des liens possibles entre l’action politique et l’action citoyenne.
Le 02 avril 2021
Plaidoyer pour un nouveau code de l’urbanisme en accord avec les exigences environnementales, de genres et l’approche participative
Le GIdELE et le groupe GFL, assistés d’Afef Marrakchi, Maîtresse de conférences à l’université de Sfax, se sont penché.es sur le projet de loi du nouveau code de l’urbanisme qui devrait être voté par le Parlement tunisien dans les mois qui viennent. D’après l’étude critique co-réalisée par A. Marrakchi, le GIdELE et le groupe GFL, soutenue par la Fondation Heirinch Boll, la Fondation des Verts hollandais, Solidar Tunisie et AIM, des modifications sont nécessaires afin d’assurer la prise en compte des exigences environnementales, de genres et l’approche participative. C’est dans ce cadre que le GIdELE et le groupe GFL ont démarré des discussions en vue de mettre sur pied une campagne de plaidoyer afin d’attirer l’attention des acteurs concernés par le processus d’élaboration et d’adoption de ce nouveau code. Ces échanges riches ont souligné la nécessité de penser le plaidoyer comme une succession d’étapes dont le tempo, le suivi, la communication et l’implication des protagonistes seront décisifs pour assurer la pérennité, la crédibilité de l’action et in fine la prise en compte des propositions d’ajouts et autres amendements. D’autres sessions sont prévues dans les semaines qui suivent afin de continuer la réflexion, une réflexion qui doit constamment s’adapter aux réalités du terrain.
En conclusion
La société civile tunisienne est mobilisée et réalise sur terrain des projets et des initiatives qui présentent un impact indéniable sur les communautés et l’environnement. Cela étant dit, l’action des pouvoirs législatif et exécutif est irremplaçable et le partenariat public-privé apparait de plus en plus comme une alternative de choix pour autant que cette collaboration s’insère dans un cadre légal et transparent. Plus largement, la situation environnementale appelle à une mobilisation collective : de l’éducation à la culture, de l’économie au social, du numérique à la recherche, de l’emploi à la formation, etc. Dans tous ces domaines, le plaidoyer s’avère être un instrument efficace et impactant pour autant qu’il engage une stratégie coordonnée et cohérente, dans le cadre d’une vision à la fois globale et spécifique, réunissant des intervenants qui partagent une vision commune, des objectifs clairement établis et des motivations profondes.
Autant dire que les élus locaux et les élues locales ont du pain sur la planche ! Continuons à renforcer leurs capacités d’action et de mobilisation, en particulier les femmes et les jeunes.
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